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Contexte historique

Région grande comme la France et située à l’ouest du Soudan, le Darfour a été peuplé d’ethnies noires sédentaires, agriculteurs ou éleveurs, tous de confession musulmane. Depuis des siècles, ils cohabitent avec des arabes nomades, éleveurs de chameaux, musulmans eux aussi.


Dans les années cinquante, les premières grandes sécheresses accentuent entre ces deux groupes les rivalités autour du manque d’eau et de l’accès aux pâturages. Au milieu des années quatre-vingt, les milices arabes Janjawid (Les Cavaliers du Diable) détruisent 400 villages du Darfour. Omar el-Béchir prend la tête du Soudan en 1989 par un coup d’Etat et apporte son soutien aux milices Janjawid. La résistance armée des ethnies noires sédentaires surgit avec la création d’un Front de Libération du Darfour. Omar el-Béchir se lance alors dans une répression massive en organisant à partir de 2003 le génocide des populations du Darfour. En deux ans, la guerre fera 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés. En 2009, Omar el-Béchir est condamné par la Cour Pénale Internationale pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il ne sera jamais arrêté et continuera de voyager librement à l’étranger. Quant aux populations du Darfour, elles sont parquées dans des camps insalubres livrés aux ravages de la malnutrition et de l’insécurité. Les milices Janjawid y poursuivent les pillages, les viols et les enlèvements. Depuis une quinzaine d’années et surtout depuis la chute de Khadafi, les jeunes fuient en masse le Darfour, passant par la Libye devenue la route principale du trafic d’êtres humains. Les rescapés-réfugiés qui arrivent en France témoignent qu’il leur faut payer l’armée soudanaise et notamment les milices de la Force de Soutien Rapide (RSF - acronyme officiel des milices janjawids) pour passer en Libye, ces mêmes milices qui furent le bras armé de Béchir lors du génocide au Darfour...


Depuis décembre 2018, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays et notamment à Khartoum pour protester contre l’augmentation du prix du pain puis rapidement pour exiger des élections et le départ d’Omar el-Béchir, rappelant les mouvements des printemps arabes de ces derniers années. Le 11 avril dernier, contre toute attente et trahi par ses généraux, le tyran de Khartoum est arrêté lors d’un coup d’Etat et emprisonné dans un lieu tenu secret. Un conseil militaire de transition est alors mis en place pour le remplacer dans l’attente d’élections libres promises par les généraux d’ici deux à trois ans. Les manifestants ne sont pas dupes et continuent de manifester pour exiger un pouvoir partagé avec les civils. Le lundi 3 juin 2019, l’armée envoie les milices de la Force de Soutien Rapide (les RSF, encore eux) pour réprimer les manifestants sur lesquels ils ouvrent le feu. C’est un bain de sang. Le mode opératoire est le même qu’au Darfour. Plusieurs centaines de morts sont déjà dénombrés... Le chaos semble promis à nouveau aux Soudanais où une nouvelle crise humanitaire se profile.

 

confirmed damaged and destroyed villages in Darfur Sudan
Source ONU



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